Digital Native


A présent nous mettons au point des machines d’une effrayante complexité en nous étonnons par la suite de leur symétrie avec le monde humain. Avez-vous déjà regardé dans la rue tous ces gens qui se croisent sans se regarder ? Ces Pensants-Machines, les Digital Native. […]

Que ce soit le jour ou la nuit, pour aller au travail ou en vacances, à pied ou en voiture, homme ou femme, humain ou machine. Ce sont des électrons neurasthéniques sur un circuit-imprimé, des membres vivants d’une équation universellement urbaine, suivant leur route assignée à l’avance sans s’en détourner.

A l’image d’une succession ininterrompue de 0 et de 1 humain, qui pris à l’unité est faussement simplifié et pris en groupe est faussement abscons. Ils connaissent leur direction, car le chemin est d’autant plus tracé qu’il est identique chaque jour, balisé par des normes cybernétiques et empiristes.

Froid, inhumain, mécanique, rationnel, sans vie, formaté, conditionné…voilà autant d’adjectifs que l’on à l’habitude d’utiliser pour définir ce qui est mathématique, informatique. Cependant nous aussi nous nous réagissons comme des programmes, actions/réactions, causes/effets et s’étonne de la froide construction de leur ordinateur, hiérarchie.

Soudain une question m’ébranle par la puissance de son grondement muet. De quel côté du miroir sommes-nous ?

Des machines naissent les machines. Horreur ! C’est une Machine Pensant, clame le réactionnaire. Mais qu’est ce que le cerveau sinon la plus fantastique de toutes les intelligences mécanique ? Un calculateur biogénétique, synapse, chimie, neurones… La composition des machines n’est rien d’autre que le reflet notre construction mentale. De la machine humaine naquit la machine mécanique. […]

Il y a des flux d’informations et de possibilités qui se traversent sans relâche, sans questions, sans s’en rendre compte. Je vois une foule bigarrée de couleurs et de tissus, de bruits et d’émotions codés. Celui-ci porte un jeans, celle-là une jupe, coton, synthétique, hommes, femmes, enfants, animaux, c’est une infinité de diversité, de point-de-vue, d’informations et de réalité toute nues face au système. Un homme d’affaire sans costume, un ouvrier sans bleu, une infirmière sans blouse, une fonctionnaire sans uniforme, un écolier sans sac. Quand l’identité s’efface, le système s’affiche.

A vrai dire, je m’amuse de ces techniciens du meilleur pouvant décortiquer un ordinateur sans même prendre la précaution de l’éteindre, ou d’éviter le pire. La machine parle de la machine en langage des machines. Qui est l’interface ? Surtout, il ne faut pas couper l’écran, sous peine de voir la magie de l’hypnose visuel mourir. Car c’est bien l’arrêt sur image qui permet de comprendre, de ralentir un peu la vitesse afin de rendre intelligible ce qui ne veut pas l’être. Mensonges, faux-raccords, montage, source fallacieuse, ombre du caméraman, c’est tout cela qui apparait : le cadre de l’artificiel. La réalité n’est pas un divertissement, c’est l’ennui du vrai.

Sans vêtements ou identité, sans émotions, sans noms, sans réflexion ni observation, ni autre but que celui de se subvenir à lui-même, l’Homme nu est un électron de chair face au système. Il est partie intégrante de l’équation. […]

  1. Superbe mouvement d’écriture

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